Claire Sixt-Gateuille : une jeune pasteure accueillante et au service de l’Eglise universelle
Claire est aussi une jeune maman, souriante et dont chaque mot se veut empreint de bienveillance. Pourtant, cette bienveillance ne s’affranchit ni de sens critique ni d’une forme d’exigence théologique et ecclésiale ; passionnée par les « Fresh Expressions », elle fait partie de celles et ceux qui nous aident, au quotidien, à croire en une Eglise diverse et universelle.
Joan Charras Sancho : Claire, peux-tu nous dire qui tu es et quel est ton travail actuellement ?
Claire Sixt-Gateuille : Je suis pasteure de l’Eglise protestante Unie de France (EPUdF) et je m’occupe des relations internationales, après avoir été pasteure en paroisse dans les Hautes-Pyrénées.
Mon poste actuel consiste à faire connaître mon Eglise à l’étranger et à envoyer des délégué.e.s dans des rencontres internationales mais aussi à chercher les bonnes idées chez les Eglises sœurs quand on travaille sur une thématique dans notre Eglise, afin de les adapter à notre contexte ecclésial.
Joan Charras Sancho : Justement, en tant que pasteure EPUdF chargée des relations internationales, comment s’est passée ta semaine post-décision de Sète ?
Claire Sixt-Gateuille : Finalement, il ya eu peu de réactions directes ou frontales puisqu’une partie de nos Eglises sœurs a déjà ouvert la possibilité de bénir les couples mariés de même sexe tandis qu’une autre partie trouve légitime de se poser la question en Eglise. Parmi les Eglises pour qui ce n’est pas envisageable pour des raisons culturelles, souvent de modèle familial, certaines ont exprimé leur soulagement concernant la formulation de la décision de Sète, qui n’oblige aucun pasteur à bénir des couples de même sexe tandis que d’autres Eglises ont souhaité en discuter lors de rencontres missionnaires, avec le Defap par exemple. Nous sommes complémentaires et je travaille souvent avec mes collègues du Defap, qui est notre service missionnaire.
Joan Charras Sancho : Tu es aussi allée à Busan, en Corée du Sud, lors du grand rassemblement du COE en 2013. Je crois que là-bas c’était un peu mouvementé et que les Eglises inclusives ont été montrées du doigt, comment l’as-tu vécu ?
Claire Sixt-Gateuille : En fait l’Eglise orthodoxe russe a pointé du doigt les Eglises occidentales car elle les jugeait décadentes tandis qu’à l’extérieur, des membres d’Eglises fondamentalistes manifestaient contre le fait que le COE ait soutenu à une époque des programmes en Afrique jugés « communistes ». De ce que j’ai lu, entendu et compris, la question de l’homosexualité n’était pas première mais faisait partie d’un tout qu’on nous reproche.
Joan Charras Sancho : Revenons à la décision de Sète. Tu es pasteure ordonnée d’une Eglise maintenant identifiée comme trop « libérale » et « inclusive » au sein de la FPF. On sait déjà que le rassemblement de Lyon prévu en 2017 a dû être réorganisé mais aussi que les Eglises membres de la FPF s’interrogent sur leur « lien fédératif ». Que réponds-tu à celles et ceux qui estiment que la décision de Sète amène trop de soucis alors qu’elle ne concerne que quelques dizaines de couples en France ?
Claire Sixt-Gateuille : Aux autres Eglises membres de la FPF, j’aimerais poser une question : « devons-nous être d’accord sur tout pour être en communion ? ». D’ailleurs, c’est bien la question du « lien fédératif » qui va être travaillée ces prochains mois, au sein de la FPF. Finalement, je me demande si pour faire de la théologie, nous sommes obligés d’avoir une seule anthropologie, estampillée « biblique » ? Ou est-ce qu’on peut avoir une pluralité d’anthropologies, en dialogue avec la Bible, pour avancer mais aussi les questionner, tous ensemble ?
Joan Charras Sancho : Je sais que tu n’as pas lu le livre, faute de temps et qu’il est sur ta pile pour ton congé de maternité. Mais spontanément, qu’est-ce qu’un livre comme celui-ci t’inspire ? Seras-tu prête à le recenser ou est-ce que ton blog est dédié à d’autres choses?
Claire Sixt-Gateuille : Je mets des billets assez différents sur mon blog, il y a des récits de mes voyages à l’étranger, des méditations bibliques, des réflexions théologiques et aussi des recensions de livres -souvent en lien avec la mission. Il est vrai que tout ce qui touche à une Eglise accueillante rentre dans mes domaines d’intérêt, que ce soit l’accueil des migrants, des personnes handicapées, des nouveaux convertis, des jeunes, des personnes LGBTI et donc, oui, a priori, tu pourras bientôt relayer ma recension !