Carolina Costa, des web-séries à l’édition : une pasteure complète!
La pasteure Carolina Costa, devenue célèbre dans le milieu protestant helvétique puis progressivement francophone, s’engage sur des sentiers jusque là peu pratiqués par les pasteurs avec ses web-séries. Dernièrement, elle a apporté sa contribution à la discussion actuelle sur l’accompagnement pastoral des couples contemporains, en publiant un livre original de préparation au mariage et plus largement pour la vie à deux.
L’Accueil Radical en a fait une recension et profite de cette occasion pour l’interviewer.
Joan Charras-Sancho : Carolina, tu es pasteure, réalisatrice, actrice et tout récemment maman une deuxième fois. Comment vis-tu toutes ces casquettes ?
Carolina Costa : J’essaie simplement d’accueillir ce qui se présente dans ma vie, j’ose sortir de ma zone de confort quand nécessaire et j’écoute ce qui se passe au-dedans de moi et autour de moi. Autrement dit, j’essaie d’être pleinement qui je suis, au service de l’Amour ! Au fond, comme chacun.e d’entre nous, une personne aux multiples facettes, qui choisit de faire confiance en Dieu, à la vie et qui se laisse guider par son cœur.
Joan Charras-Sancho : Dans le cadre de ton ministère dans l’Eglise Protestante de Genève, tu accompagnes un lieu d’église émergente, Le LAB. En plus d’être un lieu pensé pour les moins de 45 ans, ce lieu d’église propose aussi un espace de parole pour les jeunes LGBTI. Comment arrives-tu à conjuguer église et accueil radical ?
Carolina Costa : Je n’ai pas l’impression d’y arriver, cela se passe c’est tout ! Pour moi la question de l’accueil est tout simplement au cœur de l’Evangile. Cet Evangile de Jésus de Nazareth qui m’a touchée en plein cœur lorsque j’étais ado. Aussi, je n’arrive même pas à imaginer une exclusion de quiconque en Eglise ! Ce qui me porte c’est ce verset dans l’épitre de Jean qui est au cœur de mon ecclésiologie : « Quiconque aime est enfant de Dieu et connaît Dieu. » Ainsi, au LAB, pour nous, c’est tout simplement naturel de vivre cet accueil inconditionnel que j’avoue préférer au mot radical 😉
Joan Charras-Sancho : Le couple et la famille sont des sujets qui te tiennent à cœur. Peux-tu nous parler des ateliers que tu organises et du livre dédié que tu viens d’éditer ?
Carolina Costa : Quand j’étais enfant, je jouais à célébrer des mariages dans la cour de récréation pour les enfants de mon école. J’adorais cela ! Aussi, accompagner les couples dans la préparation au mariage mais aussi plus largement dans leurs projets de vie à deux aujourd’hui, comme pasteure, est un pur bonheur. Depuis toujours, je suis passionnée par l’humain et notamment dans ses relations familiales, racines de toutes les autres relations. Je crois aussi que notre société a besoin d’une école de la relation à tous les niveaux, pour guérir de ses blessures qui se manifestent malheureusement par une grande fermeture, le rejet et la violence qui nous entourent. Dans les diverses rencontres organisées au LAB pour les jeunes, les couples ou les familles, l’idée est de croître en empathie et en amour grâce notamment à l’enseignement de Jésus de Nazareth.
J’ai écrit le livre – pour accompagner les couples dans leurs différents engagements et projets de vie à deux. Je leur propose de nombreuses questions à aborder ensemble, des textes de réflexion pour aller plus loin, des dessins humoristiques et des citations spirituelles et philosophiques pour nourrir leur démarche. La première version, déjà épuisée, a fait de nombreux heureux. En effet, les couples sont reconnaissants de pouvoir s’arrêter pour prendre le temps de se parler autrement, différemment des échanges de la vie courante.
Joan Charras-Sancho : Ces dernières années, les choses sont allées très vite dans l’Eglise Protestante de Genève. Comment perçois-tu les choses et à quoi rêves-tu ?
Carolina Costa : Je ressens que nous sommes à un carrefour mondial à tous les niveaux, y compris spirituel et religieux. Ma crainte est le repli identitaire mais naturel, car on préfère se tourner vers le connu. C’est le risque dans nos Eglises. Et pourtant, j’adhère à une foi, une confiance qui nous invite à cheminer vers l’inconnu, comme Abraham, pour aller plus loin. Oser sortir de notre zone de confort pour grandir et élargir nos horizons. Je ne sais pas à quoi ressemblera l’Eglise de demain, mais ce que j’espère c’est qu’elle continue de transmettre de l’Amour à travers ses membres. Autrement dit, de l’accueil, du non-jugement, de la compassion, du partage, de la paix… Car c’est à cela que tous reconnaîtront que nous sommes ses apprenti.e.s disciples non ?